Procédé de synthèse du (Z)-3,5,4'-triméthoxystilbène, composé obtenu et utilisations dudit composé, notamment comme médicament, en particulier comme anticancéreux
La présente invention concerne le domaine de la chimie organique et plus particulièrement celui lié à la synthèse de nouvelles molécules susceptibles de présenter des propriétés biologiques, en particulier thérapeutiques et plus particulièrement des propriétés dans le domaine de la prévention ou du traitement de certaines maladies telles que notamment les maladies du type « cancers ».
Elle a pour objet un nouveau procédé de synthèse chimique du (Z)-3,5,4'-triméthoxystilbène (ci-après désigné comme composé R3), le composé R3 susceptible d'être obtenu par ledit procédé, différentes utilisations du composé synthétisé (notamment comme médicament), en particulier comme anticancéreux de synthèse à faible prix de revient, un médicament présentant ledit composé R3 en tant que principe actif ainsi qu'une composition cosmétique.
Le composé R3 est un dérivé du resvératrol, polyphénol naturel présent dans le monde végétal.
Les effets anticancérogènes des polyphénols présents dans l'alimentation ont fait l'objet de nombreuses études. Ces dernières ont conduit à l'étude des effets du resvératrol (3,5,4'-trihydroxy-trα«s-stilbène ou isomère (E)), constituant naturel de nombreuses plantes, de la vigne et du raisin. Le resvératrol qui a des propriétés fongicides est produit par la vigne pour lutter contre le développement du champignon Botritis cinerea. Des recherches ont permis de montrer que ce composé possède, aussi bien in vitro, sur les cellules cancéreuses humaines, q 'in vivo, chez la souris cancéreuse, des propriétés anti-cancéreuses intéressantes (F. Raul et al. « Anti-proliferative effect of resvératrol, a natural component of grapes and wine, on human colonie cancer cells », Cancer Lett. 158. 85-91, 2000 et « Resvératrol inhibits intestinal tumorigenesis and modulâtes host-defense related gène expression'in an animal model of human familial adenomatous polyposis », Nutrition and Cancer, 39, 102-107, 2001). Cependant, ledit composé naturel est, sous sa forme « trans », instable et rapidement transformé par la cellule.
Ainsi, le problème posé à la présente invention est celui de la mise à la disposition du public d'une nouvelle molécule anticancéreuse qui soit à la fois efficace et d'un faible prix de revient.
A cette fin la présente invention propose une nouvelle synthèse d'une molécule dérivée du resvératrol, à savoir, le (Z)-3,5,4'- triméthoxystilbène, de formule I :
ci-après désigné comme composé R3, correspondant en fait au dérivé tri-méthylé du resvératrol.
Le composé R3 a été testé pour ses propriétés anticancérogènes éventuelles. Des études biologiques ont démontré de façon inattendue et surprenante que le composé R3 présente une grande stabilité et une remarquable action anticancéreuse qui se révèle bien supérieure (de l'ordre de 100 fois plus importante) à celle du resvératrol.
En étudiant les mécanismes cellulaires et moléculaires de son action, il a été mis en évidence qu'il possédait des propriétés biologiques, en particulier anticancéreuses, similaires voire supérieures à celles qui sont décrites pour le Taxotere® (docétaxel, Aventis, France) utilisé en chimio- et radio-thérapies anticancéreuses.
La présente invention a pour objet un procédé de synthèse du composé selon l'invention, caractérisé en ce qu'il consiste essentiellement à exposer un échantillon d'isomère (E)-3,5,4'-triméthoxystilbène mis en solution dans un solvant adapté à une lumière ultraviolette de longueur d'onde culminante comprise entre 200 nm et 400 nm, ce pendant une durée d'exposition comprise entre une heure et deux heures pour une quantité d'isomère (E) de 10"2 mole et, le cas échéant, à évaporer ledit solvant afin de recueillir l'isomère (Z) recherché. La présente invention a encore pour objet le composé R3 susceptible d'être obtenu par le procédé précité, l'utilisation dudit composé R3 selon l'invention comme médicament, en particulier pour la préparation
d'un médicament pour le traitement ou la prévention d'une maladie impliquant une prolifération ou croissance cellulaire anormale, telle que le cancer.
Selon une autre utilisation, le composé selon l'invention est employé pour la préparation d'un médicament destiné à traiter ou à prévenir la mucoviscidose.
La présente invention a encore pour objet l'utilisation du composé selon l'invention comme agent de dépolymérisation du réseau microtubulaire de cellules humaines ou animales vivantes, comme agent d'inhibition de la synthèse polyaminique de cellules cancéreuses humaines ou animales vivantes, comme agent de blocage du cycle cellulaire, en particulier du cycle cellulaire de cellules cancéreuses humaines ou animales vivantes, comme agent de traitement ou de prévention de pathologies hyperprolifératives, en particulier d'états inflammatoires, des maladies infectieuses et/ou parasitaires telles que le paludisme et comme agent photoprotecteur, en particulier pour la protection contre les rayons UV-A et/ou UV-B.
La présente invention concerne, en outre, un médicament caractérisé en ce qu'il comprend à titre de principe actif au moins le composé R3 selon l'invention.
Enfin, la présente invention concerne encore une composition cosmétique à propriété photoprotectrice, caractérisée en ce qu'elle comprend à titre de principe actif au moins le composé selon l'invention.
Les utilisations, médicaments et compositions cosmétiques selon l'invention font l'objet des revendications 10 à 23.
L'invention sera mieux comprise, grâce à la description ci- après, qui se rapporte à un mode de réalisation préféré, donné à titre d'exemple non limitatif, et expliqué avec référence aux dessins schématiques annexés, dans lesquels : la figure 1 représente un exemple de schéma de synthèse du procédé selon l'invention, la figure 2 représente la courbe de croissance de cellules CaCo- 2 en fonction de la concentration en composé R3 ajouté (figure 2a) ainsi que la courbe de croissance de cellules IEC-6 en fonction de la concentration en composé R3 ajouté (figure 2b),
la figure 3 illustre le double marquage de cellules CaCo-2 par l'Annexine-FITC (figure 3a) et l'iodure de propidium (figure 3b) après un traitement avec le composé R3, la figure 4 représente une analyse d'un cycle cellulaire par cytométrie en flux de cellules cancéreuses traitées par le composé R3 (figure 4a), la figure 4b représente l'analyse du cycle de la figure 4a en l'absence de traitement par le composé R3, la figure 5 représente l'activité de l'ODC en fonction de la durée du traitement avec le composé R3 (figure 5a) et l'activité de l'AdometDC (SAMDC) en fonction de la durée du traitement avec le composé R3 (figure 5b), la figure 6 représente des clichés du réseau microtubulaire de cellules CaCo-2 sous l'influence du composé R3 et de deux composés connus, la figure 7 représente une courbe de compétition entre R3 et des ligands marqués au tritium (vinblastine, colchicine) pour leur fîxaion sur la tubuline, la figure 8 représente des histogrammes indiquant le pourcentage de cellules marquées soit par l'annexine V (cellules apoptotiques) soit présentant un caractère d'hyperdiploïde, et la figure 9 représente un histogramme illustrant les effets « in vivo » de R3 sur le développement de tumeurs après implantation sous- cutanée de cellules tumorales humaines chez la souris athymique nu/nu.
Selon une première caractéristique, le procédé de synthèse du composé selon l'invention est caractérisé en ce qu'il consiste essentiellement à exposer un échantillon d'isomère (E)-3,5,4'~ triméthoxystilbène 5 mis en solution dans un solvant adapté à une lumière ultraviolette de longueur d'onde culminante comprise entre 200 nm et 400 nm, ce pendant une durée d'exposition comprise entre une heure et deux heures pour une quantité d'isomère (E) de 10" mole et, le cas échéant, à évaporer ledit solvant afin de recueillir l'isomère (Z) recherché.
De façon avantageuse, le procédé selon l'invention est caractérisé en ce que la longueur d'onde culminante de la lumière ultraviolette choisie est préférentiellement de 254 nm. Selon une autre caractéristique, la durée d'irradiation est préférentiellement d'une heure pour 10"2 mole d'isomère (E).
De manière avantageuse, le solvant utilisé est préférentiellement l'éthanol.
Selon un mode de réalisation préféré, l'isomère (E) est obtenu par préparation d'un halogénure de 4-méthoxybenzyle, transformation dudit halogénure en phosphonate, parallèlement, l'acide 3,5-dihydroxybenzoïque est transformé en 3,5-diméthoxybenzoate de méthyle 2, puis en alcool 3,5- diméthoxybenzylique 3, oxydation dudit alcool en aldéhyde correspondant et enfin transformation du 3,5-diméthoxybenzaldéhyde 4 en isomère (E)- 3,5,4'-triméthoxystilbène 5 par réaction avec ledit phosphonate. De manière avantageuse, l'halogénure de 4-méthoxybenzyle est préférentiellement le bromure de 4-méthoxybenzyle 1.
Selon un mode de réalisation particulièrement avantageux, le 3,5-diméthoxybenzaldéhyde 4 est obtenu par adjonction, selon la méthode de Corey, de dichromate de pyridinium à l'alcool 3,5-diméthoxybenzylique 3.
La présente invention a également pour objet le composé susceptible d'être obtenu par le procédé selon l'invention, caractérisé en ce qu'il s'agit du (Z)-3,5,4'-triméthoxystilbène.
Ci-après, on décrira plus en détail un exemple préféré, non limitatif, de synthèse du composé R3 selon l'invention.
A) Exemple de procédé de synthèse chimique préféré du (Z)- 3,5,4 '-triméthoxystilbène ou composé R3 :
Dans ce qui suit, tous les points de fusion ont été mesurés, sans correction, à l'aide de tubes capillaires et d'un appareil type B-510 n° 533640 commercialisé par la société Bϋchi. Les spectres de résonance magnétique nucléaire du *H et du 13C ont été enregistrés avec un spectromètre de type Bruker AC à 200 MHz. Les spectres de masse proviennent d'une installation AutoSpec E Micromass, fonctionnant à 70 eV d'énergie et munie d'un dispositif d'introduction directe de l'échantillon à analyser.
Les résultats de mesure sont consignés dans le tableau suivant :
3,5 - C H10O3 45 - 48 °C 166,16 1H, CDCI3, 200MHz : 9,88 (IH, s, CHO) ; diméthoxybenzaldéhyde 6,98 (2H, d, J = 2,3 Hz, H2j6) ; 6,68 (IH, t, J = 2,3 Hz, H4) ; 3,82 (6H, s, 2 x OMe)
13 C, CDCI3, 200 MHz : 192 (CHO) ; 161,3 (C3, C5) ; 138,5 (C,) ; 107,2 (C2, C6) ; 55,7 (2 x OMe)
(E)-3, 5, 4' C17H18O3 56 - 57 °C 270,33 1H, CDCI3, 200 MHz : 3,85 (9H, s, 3 x triméthoxystilbène OMe) ; 6,40 (IH, t, J = 2,5 Hz, H4) ; 6,68 (2H, d, J = 2,5 Hz, H2>6) ; 6,93 (2H, d, J = 9 Hz, H3.,5.) ; 7,00 (2H, d, J = 16,5 Hz, vinylique) ; 7,48 (2H, d, J = 9 Hz, H2-,6
13C, CDCI3, 200 MHz : 161 (C3) ; 159,5 (C5) ; 159,3 (C,) ; 139,7 (d) ; 130 (Cr) ; 128,7 (Cp) ; 127,8 (C2.6.) ; 126,6 (Cα) ; 114,2 (C3.) ; 113,8 (C5.) ; 104,4 (C2,6) ; 99,7 (C4) ; 55,4 (OCH3 x 3)
Mass. m/z = 270 (M*, 100 %) ; 258,0 ; 239,0 ; 228,1 ; 197,1 ; 150,1 ; 137,0 ; 121,1 ; 109,1
Données physico-chimiques relatives aux composés mis en œuvre.
Le diméthylformamide employé dans le cadre de la synthèse a été distillé sur tamis moléculaire de 0,4 nm et sous pression réduite. Le dichlorométhane utilisé pour l'étape n° 4 a été séché sur hydrure de calcium. L'alcool 4-méthoxybenzylique, l'acide 3,5-dihydroxybenzoïque et le triéthylphosphite mis en œuvre ci-dessous sont des produits qui se trouvent dans le commerce et qui peuvent être utilisés tels quels.
1. Préparation du bromure de 4-méthoxybenzyle 1
Un volume de 6 ml d'acide bromhydrique concentré à 48% a été ajouté, en une seule fois, à 7,5 g (54 mmoles) d'alcool 4- méthoxybenzylique. On a ensuite vigoureusement agité le mélange pendant 30 minutes à température ambiante. Puis 100 ml d'éther diéthylique ont été rajoutés et la phase acide a été séparée. Après une deuxième extraction à l'éther, on a rassemblé les phases organiques que l'on a lavées avec, d'abord de l'hydrogénocarbonate de sodium, puis de l'eau salée, et que l'on a finalement séchées à l'aide de sulfate de magnésium. Le bromure de 4- méthoxybenzyle 1 obtenu est peu stable et a donc été immédiatement utilisé dans l'étape suivante. Il se présente sous forme d'une huile incolore et il en a été obtenu 10,54 g ce qui correspond à un rendement de 97 %.
2. Préparation du 3-5-diméthoxybenzoate de méthyle 2
Un mélange constitué de 5 g d'acide 3,5-dihydroxybenzoïque (32,4 mmoles), de 25 g de carbonate de potassium anhydre, de 20 ml de sulfate de diméthyle et de 100 ml d'acétone est porté à reflux pendant
4 heures. Après filtration du carbonate de potassium et évaporation de l'acétone, le mélange restant a été dilué avec 100 ml d'eau et 200 ml d'éther. Avant d'être séchée sur sulfate de magnésium, la phase éthérée a été lavée successivement, deux fois avec de l'ammoniaque concentrée, une fois avec de l'eau, deux fois avec de l'acide chlorhydrique dilué et enfin avec de l'eau salée. Le solvant évaporé, on obtient un produit brut que l'on purifie sur colonne chromatographique de silice 60 commercialisée par la société Merck en utilisant un mélange hexane : acétate d'éthyle à 4:1 (rapport en volumes). On obtient ainsi des aiguilles incolores de masse
6,17 g. Ceci correspond également à un rendement de 97%.
3. Préparation de l'alcool 3,5-diméthoxybenzylique 3
A une suspension de l'hydrure double d'aluminium et de lithium (1,02 g, soit 26,8 mmoles) dans 75 ml d'éther diéthylique, on ajoute 5 g (25,4 mmoles) de 3,5-diméthoxybenzoate de méthyle, contenus dans 25 ml d'éther diéthylique à un rythme permettant un reflux doux. Après un reflux de 2,5 heures, on refroidit, on dilue avec 50 ml d'un mélange 1 :1 (rapport en volumes) eau-éther et finalement avec de l'acide chlorhydrique dilué. L'extrait éthéré lavé à l'eau est séché sur sulfate de magnésium. On obtient des aiguilles incolores de masse 3,86 g, ce qui correspond à un rendement de 90%.
4. Préparation du 3.5-diméthoxybenzaldéhyde 4
A 3,5 g (20,8 mmoles) d'alcool 3,5-diméthoxybenzylique 3 dans 30 ml de dichlorométhane séché, on ajoute 11,75 g (31,2 mmoles) de dichromate de pyridinium préparé selon la méthode de Corey.
Cette méthode consiste à ajouter en 20 minutes 15,8 g de pyridine à 20 g de trioxyde de chrome dilué dans 20 ml d'eau distillée en veillant à ce que la température ne dépasse pas 20 °C. Après 15 minutes d'agitation vigoureuse, on ajoute 80 ml d'acétone.
Les cristaux oranges de dichromate de pyridinium (25,5 g) sont filtrés après 12 heures de croissance à -20 °C, ce qui correspond à un rendement de 68 %. Après agitation pendant 12 heures à température ambiante, le mélange réactionnel est dilué à l'aide de 60 ml d'éther diéthylique, filtré à travers une colonne remplie de silice 60 commercialisée par la société Merck pour donner, après évaporation du solvant, 3,1 g d'un solide sous forme d'aiguilles incolores. Le rendement est de 90 %.
5. Préparation de l'isomère (EV3.5.4'-triméthoxystilbène 5
On chauffe, à 120 °C pendant 6 heures, un mélange constitué de 14,5 ml (84,6 mmoles) de triéthylphosphite et de 10,54 g (52,4 mmoles) de bromure de 4-méthoxybenzyle 1. Pendant la réaction, il se produit un dégagement gazeux de bromure d'éthyle. Après refroidissement à 0°C, on ajoute au mélange 75 ml de diméthylformamide, préalablement distillé, et 2,97 g (55,2 mmoles) de méthylate de sodium et on agite encore pendant une heure. On y introduit ensuite 5,8 g (35mmoles) du 3,5- diméthoxybenzaldéhyde 4 précédemment synthétisé. La solution obtenue est agitée pendant une heure à température ambiante puis encore une heure à 100°C. Après refroidissement, le mélange réactionnel est agité pendant une nuit, saisi à l'eau et extrait à l'éther. Les phases organiques sont réunies, lavées à l'eau salée, contrôlées au papier-tournesol et finalement séchées sur du sulfate de magnésium. Le produit brut est purifié par chromatographie sur silice 60 avec comme éluant un mélange d'hexane et d'acétate d'éthyle (4:1) (rapport en volumes). On obtient 7,85 g d'un solide sous forme d'aiguilles incolores. Le rendement est de 83%.
6. Préparation du (ZV3.5.4'-triméthoxystilbène (composé R3
Un échantillon constitué d'une solution de 1 ml à 10"2 mole par litre de (E)-3,5,4'-triméthoxystilbène 5, est exposé à une lumière ultraviolette culminante à 254 nm. La durée de l'irradiation est d'une heure. Après évaporation sous pression réduite du solvant, on obtient quantitativement le stéréo-isomère Z recherché (R3).
Le coût des produits chimiques nécessaires à l'obtention d'un gramme de composé R3 pur à 98 % est actuellement d'environ 8 euros (soit environ 52 FRF). Le schéma de la synthèse du composé R3 est résumé sur la figure 1.
B) Effets Biologiques du composé R3 selon l'invention :
1) Inhibition par le composé R3 de la croissance de cellules cancéreuses et/ou transformées
Afin de démontrer l'activité du composé R3 sur la croissance des cellules cancéreuses in vitro, les essais suivants ont été réalisés.
Des cellules cancéreuses coliques humaines de la lignée CaCo- 2 et des cellules transformées murines de la lignée IEC-6, ont été traitées 24 h après ensemencement avec des concentrations croissantes de R3, allant de 0,1 μM à O,6 μM.
La figure 2 représente la courbe de croissance de cellules
CaCo-2 (figure 2a) en fonction de la concentration en composé R3 ajouté, alors que la figure 2b montre la courbe de croissance de cellules IEC-6 en fonction de la concentration en composé R3. Chaque point sur ces deux courbes représente la valeur moyenne (±SEM) calculée à partir de 8 échantillons. La légende de la figure 2a s'applique également à la figure 2b.
Les résultats observés montrent que le composé R3 exerce une forte action inhibitrice (inhibition de 70%) sur la croissance des cellules cancéreuses coliques CaCo-2 pour des concentrations supérieures à 0,2 μM, c'est-à-dire une inhibition similaire à celle obtenue avec le resvératrol mais pour des concentrations 150 fois moins élevées.
Un arrêt complet de la croissance cellulaire des cellules CaCo-2 est observé pour une concentration de 0,3 μM en composé R3. En ce qui concerne les cellules IEC-6, le composé R3 se montre encore plus actif, puisqu'une inhibition totale de la croissance cellulaire est déjà obtenue à une concentration en composé R3 de 0,2 μM.
La lignée IEC-6 ayant un pouvoir prolifératif significativement plus élevé que les cellules de type CaCo-2, ces résultats montrent que les effets engendrés par un traitement avec la molécule R3 sont directement liés à l'état prolifératif des cellules.
2. Caractérisation de l'effet antiprolifératif du composé R3
Cette étude permet de caractériser le mécanisme par lequel R3 inhibe la prolifération cellulaire cancéreuse.
Trois grands types d'inhibitions ont été décrits :
- la nécrose, ou cytotoxicité directe et aspécifique des cellules,
- l'apoptose ou mort programmée de la cellule, on emploie également le terme de « suicide cellulaire », et
- un simple blocage du cycle cellulaire.
a) Cytotoxicité aspécifique (nécrose cellulaire) :
La mesure de l'activité d'enzymes intracellulaires libérées dans le milieu de culture constitue un bon révélateur de la lyse cellulaire. En effet, une destruction de la membrane des cellules entraîne la libération du contenu cytoplasmique dans le surnageant, et ceci proportionellement au nombre de cellules détruites.
La lactate déshydrogénase (LDH) est une enzyme intracytoplasmique ubiquitaire, et son apparition dans le milieu extérieur est un indicateur de choix pour évaluer la cytotoxicité d'un produit (Decker et Lohmann-Matthes 1988).
De manière inattendue et surprenante, il a pu être constaté qu'un traitement des cellules CaCo-2 par le composé R3, entraîne une disparition complète de l'activité LDH qui ne peut plus être détectée dans le milieu extracellulaire et ceci même pour des concentrations élevées en R3 permettant de conclure que l'inhibition de croissance observée au niveau des cellules CaCo-2 n'est pas le résultat d'une cytotoxicité aspécifique du composé R3.
b) apoptose
Le terme d'apoptose est utilisé pour qualifier un mode particulier de dégénérescence cellulaire qui, au final, se traduit par la mort de la cellule. C'est un processus cellulaire endogène mis en place en dernier recours lorsqu'un signal extérieur ou intérieur active une voie métabolique créant un dysfonctionnement important de la cellule. L'apoptose est caractérisée par une condensation et une dégradation de la chromatine, une réduction du volume cellulaire et une déformation membranaire. Un des marqueurs biochimiques de l'apoptose est une dégradation caractéristique de l'ADN. En effet on observe une fragmentation de l'ADN qui résulte de l'activation d'une endonucléase clivant sélectivement l'ADN sur des sites localisés à proximité des unités nucléosomiques. Des fragments mono- et oligonucléosomiques sont ainsi générés. La détection de ces fragments par électrophorèse sur gel d'agarose est une des méthodes les plus couramment utilisées pour qualifier l'apoptose.
En utilisant cette technique il a pu être constaté que la molécule R3 ne provoquait pas un tel processus. Après séparation, une fragmentation
de l'ADN similaire a été obtenue dans les cellules traitées par rapport aux cellules de contrôle. Aucune dégradation de l'ADN n'a pu être mise en évidence, et ce même pour des concentrations élevées en composé R3 ajouté. Le traitement par la molécule R3 n'induit donc pas de processus apoptotique dans les cellules CaCo-2.
Un autre marqueur biochimique pouvant caractériser l'apoptose est la translocation de la phosphatidyl serine de la surface cytoplasmique de la membrane vers l'extérieur de la membrane cellulaire. La détection in vitro de ce phénomène peut être visualisée à partir de l'interaction entre l'annexine V (une protéine liant spécifiquement la phosphatidyl serine) et la phosphatidyl serine. L'annexine V est marquée grâce à un fluorochrome spécifique et la détection est effectuée par cytométrie en flux.
Les cellules ont donc été traitées par 0,3 et 1 μM de R3 pendant 24 heures, puis l'analyse de la liaison entre l'annexine V et la phosphatidyl serine a été effectuée par cytométrie en flux (cf. figure 3a de la figure 3).
On peut constater sur ladite figure 3 a, que le traitement avec la molécule R3 de cellules CaCo-2 n'induit aucune variation dans le profil du marquage à l'annexine. Le pourcentage de cellule liant l'annexine ne subit aucune augmentation. La molécule R3 ne provoque donc pas la translocation de la phosphatidyl serine. De ce fait, ce composé ne revêt une fois de plus, pas les caractéristiques d'un inducteur d'apoptose.
Au cours de cette expérience, il a été réalisé en parallèle un marquage à l'iodure de propidium (IP). Les résultats sont visibles sur la figure 3b de la figure 3. L'IP est un intercalant de l'ADN qui est exclusivement inclus par les cellules perméabilisées. Il est donc exclu par des cellules viables (premier pic), alors qu'il sera incorporé dans des cellules mortes (tout ce qui se trouve après le premier pic).
Sur la figure 3b présentée précédemment on peut s'apercevoir que des cellules incorporent cet intercalant (pic à l'extrême droite sur la figure 3b de la figure 3), aussi bien dans les contrôles (présence de quelques cellules mortes) que dans les cellules ayant subit un traitement par le composé R3. Cependant on peut constater que le R3 induit une importante mort cellulaire comme le montre la diminution du nombre de cellules formant le premier pic. Ainsi, on peut constater que plus la dose de R3 est élevée, plus le nombre de cellules mortes est élevé.
Ceci a amené à étudier les effets possibles du composé R3 sur le déroulement du cycle cellulaire. Les résultats de cette étude sont donnés ci-après. c) Etude par cytométrie de flux du blocage du cycle cellulaire par le composé R3
La cytométrie de flux est définie comme l'étude précise de cellules isolées entraînées par un flux liquide. Elle permet la caractérisation qualitative et quantitative des cellules en déterminant la distribution et la variation du nombre de cellules dans chaque phase du cycle cellulaire, à savoir les phases Gi (préparation à l'entrée en phase S), S (synthèse), G2 (préparation à l'entrée en phase M) et M (mitose). Cette caractérisation se base sur le fait que la cellule possède, au cours de son développement, un contenu en ADN variable. On trouvera 2n chromosomes en phase G], alors que pour des cellules en phase G2 le nombre de chromosomes présents sera de 4n. Les valeurs intermédiaires sont celles correspondant à la phase de synthèse d'ADN, donc à la phase S du cycle. Dans un cytomètre, les cellules canalisées assimilables à des particules, coupent le faisceau lumineux d'un laser et les signaux qu'elles émettent en retour sont analysés. Ces signaux sont fonction de la quantité d'ADN présent dans la cellule.
Les cellules CaCo-2 sont traitées avec 0,3 μM de R3 sur une période de 64 heures (figures 4a et 4b). La distribution des cellules dans les différentes phases du cycle cellulaire a été analysée pour des temps de prélèvement de 16, 24, 40, 48 et 64 heures. Chaque courbe représente la proportion de cellules se trouvant dans la phase du cycle concernée. La légende de la figure 4a s'applique également à la figure 4b.
Un blocage des cellules au niveau de la phase G2/M (duplication de l'ADN) est observable dès 16 heures après traitement et se maintient approximativement jusqu'à 40 heures. Durant cette période, on observe une accumulation de cellules bloquées en phase G2/M. Il semble qu'au-delà de 24 heures, le composé R3 ne permet plus de maintenir complètement ce blocage, cela se traduit donc par une légère inflexion de la courbe. Ce phénomène ne relève pas d'une possible réversibilité du produit, mais est probablement associé à une concentration un peu faible et qui ne permet pas d'affecter toutes les cellules de façon prononcée. Cette hypothèse se confirme par le fait que les cellules sont de nouveau bloquées
lorsqu'à 48 heures du milieu frais contenant la molécule R3 est ajouté. Ce blocage est beaucoup plus prononcé que celui observé précédemment puisque 85% des cellules se trouvent désormais bloquées au niveau de la phase G2/M du cycle cellulaire. Cela montre donc que les effets engendrés par la molécule R3 sur le cycle cellulaire sont potentialisés au cours des traitements successifs et ne sont pas réversibles. Il est intéressant de constater que les effets sur le cycle cellulaire qui sont induits par le composé R3 sont similaires à ceux qu'exerce un autre anticancéreux de synthèse utilisé en clinique, à savoir le Taxotere® déjà évoqué plus haut.
3. Etude des effets du composé R3 sur la synthèse des polyamines
Les polyamines sont des composés ubiquitaires qui peuvent être considérés comme des facteurs de croissance pour la cellule tumorale.
Le métabolisme endogène des polyamines est régulé par 2 enzymes limitantes appelées ornithine décarboxylase (ODC) et S- adénosylméthionine décarboxylase (AdoMetDC ou SAMDC). L'ODC catalyse la décarboxylation de l 'ornithine en putrescine et l'AdoMetDC catalyse la décarboxylation de la S-adénosyl-méthionine en S-adénosyl- méthionine décarboxylée, donneur de groupe aminopropyle lors de la synthèse de la spermidine et de la spermine.
Les figures 5a et 5b représentent les activités de l'ODC et de la
SAMDC, exprimées en pmol/h/mg de protéines. Chaque colonne représente les valeurs moyennes (±SEM) des activités de l'ODC et de l'AdoMetDC calculées à partir de 3 échantillons. La légende de la figure 5a s'applique également à la figure 5b.
L'activité de l'ODC au sein des cellules tumorales est en général exacerbée, ce qui en fait une cible potentielle dans la recherche de nouveaux agents anticancéreux. Dans cette optique, les effets du composé
R3 ont été étudiés sur l'activité de l'ODC et de l'AdoMetDC (figures 5a et
5b de la figure 5).
On peut constater qu'un traitement par le composé R3 affecte de façon significative l'activité de l'ODC, et ceci dès le premier traitement, cependant l'intensité de l'inhibition décroît après 48h de traitement. Le composé R3 mis en contact avec les cellules lors du premier traitement n'est pas en concentration suffisante pour entraîner un blocage irréversible
de l'enzyme. Cela se vérifie par le fait qu'un second traitement effectué à 48h conduit à une forte inhibition de l'ODC. Ces résultats sont encore confortés par le fait que l'activité de l'AdoMetDC qui ne subissait aucune variation significative lors du premier traitement est fortement inhibée lors d'un second traitement.
Ainsi le composé R3 inhibe fortement la synthèse des polyamines (putrescine, spermidine et spermine) par la cellule cancéreuse ce qui contribue à expliquer les puissants effets antiprolifératifs de cette molécule.
4. Effets du composé R3 sur le cytosquelette
Il a pu précédemment être démontré que la molécule R3 provoquait un blocage du cycle cellulaire au niveau de la phase G2/M. Or, il est connu que le passage de cette phase est essentiel dans la division cellulaire. En effet, c'est à cette période du cycle que la cellule va pouvoir se scinder et pour cela il y a mise en jeu d'éléments clés du cytosquelette. Le réseau microtubulaire représente un de ces éléments.
Par conséquent, les répercussions que pouvait avoir la molécule R3 sur ce réseau ont également été analysées. Il a été comparé l'action de ce composé à d'autres composés ayant un effet important et reconnu sur le réseau microtubulaire, à savoir le nocodazole qui provoque une dépolymérisation des microtubules, et le taxol qui lui au contraire inhibe cette dépolymérisation. Les cellules CaCo-2 sont traitées durant 2 heures par le composé R3 (5 μM, 10 μM et 20 μM), le taxol (lOμM) et le nocodazole (20 μM). La structure du réseau microtubulaire est alors révélée par des méthodes immunohistochimiques.
Comme l'illustre le cliché correspondant (en bas et à droite de la figure 6), le taxol de par son action anti-dépolymérisante fige le réseau microtubulaire alors que le nocodazole (cliché en bas et à gauche de la figure 6) provoque une désorganisation importante de ce réseau. Il a été trouvé que le composé R3 provoque le même type d'altérations que celles qui sont observables lorsque les cellules sont traitées par du nocodazole (clichés du haut à droite et les deux clichés du milieu de la figure 6).
Le composé R3 entre donc dans la classe des agents provoquant une dépolymérisation du réseau microtubulaire et qui conduisent à la mort des cellules.
En étudiant les effets du composé R3 sur la croissance de diverses lignées cancéreuses, il a pu être apporté des données significatives relatives au pouvoir antiprolifératif de ce composé sur les cellules cancéreuses humaines ou animales. Ainsi, il a pu être démontré que la molécule R3 possède un puissant pouvoir antiprolifératif provoquant un blocage des cellules cancéreuses au niveau de la phase G2/M du cycle cellulaire. Ce blocage est la résultante de l'effet direct de cette molécule sur le réseau microtubulaire, puisqu'il provoque une dépolymérisation de ce réseau conduisant à la mort des cellules (momification des cellules). D'autres travaux également ont permis de montrer que le composé R3 n'est aucunement toxique envers une lignée de cellules lymphocytaires normales même à forte concentration, ce qui permet d'envisager une réelle sélectivité du composé R3 selon l'invention vis-à-vis des cellules en phase active de croissance. Ce fait est remarquable et renforce l'intérêt dudit composé R3 dans la thérapie anticancéreuse puisque d'autres anticancéreux actuellement utilisés en clinique, notamment le Taxotere®, ne montrent pas une telle sélectivité d'action.
Des études complémentaires plus récentes ont en outre permis de mettre en évidence les autres propriétés suivantes :
5. Etudes « in vitro »
a) Identification du site de liaison de R3 sur la tubuline
Les inventeurs de la présente demande ont établi que le composé R3 interfère avec le réseau microtubulaire en provoquant une dépolymérisation de ce dernier.
Il existe trois sites de liaison possible pour les poisons du réseau microtubulaire au niveau de la sous unité β de la tubuline: le domaine des alcaloïdes de la pervenche, le sites des taxoïdes et celui de la colchicine. Or, il a été constaté de manière inattendue et surprenante que les effets obtenus lors du traitement des cellules Caco-2 avec R3, sont similaires à ceux décrits pour d'autres poisons des microtubules tels que la colchicine et les alcaloïdes de la pervenche de Madagascar (Vincristine,
Vinblastine). La colchicine n'est actuellement pas utilisée comme agent anti-cancéreux en raison de sa trop grande toxicité. Le composé R3, du fait de sa faible toxicité, pourrait donc représenter un composé alternatif de choix si ce dernier se lie au même domaine que celui de la colchicine. Pour déterminer si R3 se lie ou non au site de liaison de la colchicine, une étude de compétition a donc été entreprise.
A cette fin, un extrait cellulaire riche en tubuline provenant de cellules Caco-2, a été mis en contact avec de la colchicine marquée et des concentrations croissantes de R3. Les résultats obtenus montrent sur la figure 7 (où chaque point représente la valeur moyenne (±SEM) calculée à partir de 3 échantillons) que R3 provoque un déplacement « dose- dépendant » de la colchicine jusqu'à 5μM, et qu'au-dessus de ce seuil, quelque soit la dose de R3 utilisée, 14 % de la colchicine marquée reste liée à la tubuline. Ces résultats suggèrent que R3 se fixerait soit sur le site de la colchicine lui même, soit sur un site distinct, qui influencerait la liaison de la colchicine sur son site.
La colchicine ayant des applications dans le traitement de la mucoviscidose, il est proposé, par analogie, l'utilisation du composé R3 selon l'invention pour la préparation d'un médicament destiné à traiter ou à prévenir la mucoviscidose.
b) Induction d'un processus apoptotique original dans des lignées cellulaires lymphoïdes:
Afin de mieux caractériser le processus dégénératif qu'entraîne le composé R3 sur les cellules cancéreuses, les inventeurs précités ont également effectué une caractérisation des effets antiprolifératifs de R3 sur des lignées cellulaires d'origines lymphoïdes. Ces cellules ont l'avantage de ne pas adhérer à leur support de culture et n'ont donc pas à ce titre à être soumises à l'action digestive de la trypsine pour être analysées. Ceci permet de conserver une intégrité cellulaire parfaite.
Il a été utilisé la lignée lymphoïde NH32 dont le gène p53 a été totalement inactivé par double recombinaison homologue, ceci dans le but de voir également si l'effet antiprolifératif du R3 était dépendant de la présence ou non de ce gène suppresseur de tumeur.
La même série d'expérience que celle utilisée lors de la caractérisation du pouvoir antiprolifératif de R3 sur la lignée cellulaire Caco-2 a été entreprise.
Les résultats obtenus montrent que R3 provoque une inhibition « dose-dépendante » de la croissance cellulaire comparable dans ces deux lignées. Cependant contrairement à ce que qui avait été obtenu lors des précédents résultats, un processus de mort cellulaire de type apoptotique a été mis en évidence.
Les cellules TK6 et NH32 sont traitées par des doses croissantes du composé R3 (0,1 à 1 μM) et l'analyse de la liaison entre l'annexine V et la phosphatidyl serine est effectuée par cytométrie de flux, après 16, 24, 40 et 48 heures de traitement (Figure 8). Le traitement des cellules par le composé R3 n'a pas d'effet significatif durant les premières 24 heures de traitement quelque soit la dose de R3 utilisée. Après 40 heures de traitement, une augmentation très importante du pourcentage de cellules externalisant la phosphatidyl serine est alors obtenue à partir d'une concentration en R3 de l'ordre de 0,3 μM. Cette augmentation est « dose- dépendante » dans les deux lignées étudiées. Cependant la lignée NH32 semble moins affectée que la lignée TK6. Pour tenter d'expliquer cette tendance à la diminution du nombre de cellules externalisant la phosphatidyl serine dans les cellules de type NH32, l'effet de R3 sur le contenu en ADN des cellules a été examiné. Les résultats démontrent encore une fois que l'action du composé R3 provoque un blocage des cellules au niveau de la phase G2/M du cycle cellulaire. De manière suφrenante après traitement avec R3, un pourcentage élevé de cellules présentait un profil particulier au niveau des cellules NH32, à savoir un contenu en ADN supérieur à la normale. Un traitement avec R3 provoque donc un phénomène d'hypeφloïdie.
Comme illustré dans la Figure 8, on s'aperçoit que ce phénomène est très marqué pour les cellules NH32 alors qu'il est relativement modéré pour les cellules TK6. Ce phénomène expliquerait la légère différence observée au niveau de l'externalisation de la phosphatidyl serine et suggère que le processus dégénératif entraîné par R3 est sous la dépendance de p53. Il est envisageable que les cellules présentant un statut p53 sauvage (TK6) entreraient rapidement en apoptose sous l'action de p53, alors que l'entrée de la cellule dans une phase d'hypeφloïdie provoquerait un retard dans ce processus.
Ces résultats montrent que R3 se comporte comme un agent pro-apoptotique sur ces lignées cellulaires cancéreuses.
6. Effets de R3 sur d'autres lignées de cellules cancéreuses humaines:
Comme le montre le tableau 1 ci-dessous, le composé R3 selon l'invention montre une plus forte activité sur les lignées qui présentent les temps de réplication les plus rapides (TK6, NH32, KB). Les effets antiprolifératifs de R3 se manifestent sur toutes les lignées cancéreuses testées.
Tableau 1 : Inhibition de la croissance de cellules tumorales par R3
IC
50 = concentration (micromolaire) en R3 nécessaire pour inhiber de 50 % la croissance des cellules.
7. Etudes « in vivo » : Effets de R3 sur le développement de tumeurs chez la souris athvmique nu/nu.
La Figure 9 illustre les effets de R3 sur le développement de tumeurs après implantation sous cutanée de cellules tumorales humaines chez la souris athymique nu/nu. Trois injections (voie intrapéritonéale) hebdomadaires ont été réalisées sur six sujets à raison d'une dose de 100 mg/kg, puis on a procédé au prélèvement des tumeurs 25 jours après implantation.
Comme on peut le constater le composé R3 inhibe de 50 % le développement de la tumeur et R3 ne présente aucune toxicité apparente sur l'animal (évolution pondérale identique dans les 2 groupes de souris).
La présente invention a donc également pour objet le composé R3 selon l'invention pour utilisation comme médicament.
Elle a encore pour objet l'utilisation dudit composé R3 selon l'invention pour la préparation d'un médicament destiné à traiter ou à prévenir une maladie impliquant une prolifération ou croissance cellulaire anormale, telle que le cancer, en particulier en provoquant une mort cellulaire apoptotique dans les lignées cellulaires lymphoïdes.
Elle a également pour objet son utilisation comme agent de dépolymérisation du réseau microtubulaire de cellules humaines ou animales vivantes, en particulier en prévoyant que le (Z)-3,5,4'- triméthoxystilbène se fixe au moins partiellement sur le site de la colchicine.
Elle a également pour objet l'utilisation dudit composé R3 selon l'invention comme agent d'inhibition de la synthèse polyaminique de cellules cancéreuses humaines ou animales vivantes, comme agent de blocage du cycle cellulaire, en particulier du cycle cellulaire de cellules cancéreuses humaines ou animales vivantes, comme agent de traitement ou de prévention de pathologies hypeφrolifératives, en particulier d'états inflammatoires, de maladies infectieuses et/ou parasitaires (paludisme) et comme agent photoprotecteur, en particulier pour la protection contre les rayons UV-A et UV-B.
Dans le cas des maladies impliquant un blocage du cycle cellulaire, l'utilisation est en outre caractérisée en ce que ledit blocage du cycle cellulaire se fait au niveau de la phase G2/M.
De manière avantageuse, l'utilisation du composé R3 selon l'invention est encore caractérisée en ce que ledit blocage du cycle cellulaire est irréversible.
La présente invention a en outre pour objet un médicament caractérisé en ce qu'il comprend à titre de principe actif au moins le composé R3 ((Z)-3,5,4'-triméthoxystilbène). Enfin, elle a encore pour objet une composition cosmétique à propriété photoprotectrice, caractérisée en ce qu'elle comprend à titre de principe actif au moins le composé R3 ((Z)-3,5,4'-triméthoxystilbène).
Parmi les nombreux et importants avantages du composé R3 selon l'invention on peut citer: - une synthèse chimique d'accès commode,
- l'accès à de nombreux analogues (dérivés alkylés) par la même voie de synthèse,
- un faible coût de fabrication (8 euros/g),
- une efficacité biologique dans le traitement des cancers et de toute pathologie liée à des états hypeφrolifératifs, et
- une faible toxicité vis-à-vis des cellules normales (notamment des cellules immunitaires).
Grâce au composé R3 de la présente invention, il devient également possible de proposer un procédé de traitement ou de prévention d'une maladie chez un mammifère, en particulier des maladies impliquant une prolifération ou croissance cellulaire anormale telle que les maladies du type "cancers" ou de pathologies hypeφrolifératives, en particulier d'états inflammatoires, de maladies infectieuses et/ou parasitaires ou d'une maladie comme la mucoviscidose, ledit procédé de traitement ou de prévention comprenant l'administration (par toute voie possible) audit mammifère d'une quantité efficace sur le plan thérapeutique d'au moins un composé R3 de formule générale I ou d'un dérivé pharmaceutiquement acceptable (sel, ester...) dudit composé R3 selon la présente invention.
Bien entendu, l'invention n'est pas limitée au mode de réalisation décrit. Des modifications restent possibles, notamment du point de vue de la constitution des divers éléments ou par substitution
d' équivalents techniques, sans sortir pour autant du domaine de protection de l'invention.