Procédé de gestion des canaux de transmission d'une régie numérique d'abonné et régie correspondante
Le réseau téléphonique commuté, RTC, offre maintenant aux abonnés de larges possibilités pour la transmission de données. On peut en particulier songer à l'INTERNET, dont les fournisseurs de services d'accès sont accessibles par RTC.
Compte tenu du coût très faible des connexions à l'INTERNET, les utilisateurs sont enclins à prolonger le temps de connexion, si bien que la ligne téléphonique est souvent indisponible pour recevoir des appels entrants et qu'il faut la libérer si quelqu'un d'autre veut pouvoir l'utiliser en sortie. Bref, les collisions d'appels surchargent la ligne en nombre de communications à assurer. On peut évidemment prévoir une seconde ligne, mais l'accroissement du coût d'abonnement n'est pas négligeable pour un abonné résidentiel.
Pour tenter d'éviter ce genre de problème, de collisions entre appels, RTC peut signaler la présence d'un appel entrant lorsque la ligne est occupée, ce qui offre le choix de le refuser ou de l'accepter, mais, en pareil cas, la nouvelle communication se substitue à l'ancienne, qu'il faut donc au moins suspendre.
II existe aussi des liaisons numériques sur les lignes du RTC, permettant le raccordement à des réseaux numériques, comme le Réseau Numérique à Intégration de Services (RNIS). Ces liaisons comportent deux canaux de transmission et un canal de signalisation.
Dans le contexte exposé ci-dessus, les deux canaux RNIS permettent de doubler le débit des échanges, avec l'INTERNET par exemple, et le canal de signalisation permet de signaler un appel arrivant. Cela améliore certes les performances d'ensemble, et en particulier raccourcit le temps de réception de gros fichiers d'image, mais ne résout pas le problème fondamental de surcharge de la ligne, conduisant à rejeter des appels ou à interrompre des communications.
WO 93/23 809 enseigne d'allouer deux canaux B à une même communication et d'en libérer un si une autre communication est requise.
Cela améliore certes la souplesse d'exploitation des canaux, mais encore faut-il, en cas d'appel entrant en attente d'un canal, que l'équipement téléphonique de l'utilisateur reçoive du réseau une signalisation correspondante. En effet, le réseau téléphonique ne peut autoritairement effectuer une commutation de canal, celle-ci devant être commandée par l'équipement de l'utilisateur. Or, le réseau ne fournit pas toujours cette signalisation d'appel entrant.
La présente invention vise à permettre une libération d'un canal qui soit indépendante de toute signalisation d'appel entrant au niveau de l'équipement de l'utilisateur.
A cet effet, l'invention concerne tout d'abord un procédé de gestion des canaux de transmission d'une régie numérique d'abonné, d'un réseau numérique à intégration de services, agencée pour raccorder au moins deux terminaux à une ligne à deux canaux de transmission dudit réseau, procédé dans lequel on réserve les deux canaux de la régie pour établir une liaison entre l'un des terminaux et un correspondant, on recherche toute demande d'établissement d'une autre liaison pour l'autre terminal et, en pareil cas, on libère l'un des canaux de la régie pour l'affecter à l'autre liaison, caractérisé par le fait que, préalablement à l'établissement de la liaison sur les deux canaux de transmission, on commande le renvoi, par le réseau, des appels entrants vers un numéro prédéterminé, spécifique à la régie, d'un gestionnaire de transit de ladite liaison et, en cas d'appel renvoyé, c'est le gestionnaire qui libère un canal.
Ainsi, la régie est représentée, auprès du réseau téléphonique, par le gestionnaire de transit et, comme ce dernier est accessible pour recevoir un appel entrant renvoyé, le gestionnaire peut libérer un canal pour l'affecter à l'appel entrant.
L'invention concerne aussi une régie numérique d'abonné, d'un réseau numérique à intégration de services, pour la mise en oeuvre du procédé de l'invention, à deux canaux de transmission de signaux, pour le raccordement d'au moins deux terminaux à une ligne numérique dudit réseau, régie comportant des moyens de gestion des canaux agencés pour, en l'absence d'occupation des deux canaux, les affecter tous deux à une liaison pour l'un des terminaux et comportant des moyens de détection de demandes d'établissement d'une seconde liaison pour l'autre terminal agencés pour commander la libération de l'un des canaux par les moyens de gestion, caractérisée par le fait que les moyens de détection comportent un registre de réception de signaux d'un canal de signalisation, associé aux deux canaux de transmission, et des circuits de décodage, de signalisations d'indication d'appel, agencés pour commander les moyens de gestion.
L'invention sera mieux comprise à l'aide de la description suivante d'un mode de mise en oeuvre préféré du procédé de l'invention, en référence au dessin annexé, sur lequel :
- la figure 1 représente schématiquement une régie d'abonné pour la mise en oeuvre du procédé de l'invention, reliée, par le réseau téléphonique, à un fournisseur de services INTERNET, et - la figure 2 est un schéma fonctionnel de la régie.
L'ensemble référencé 1 comporte une régie d'abonné 2 reliée, côté utilisateur, à un poste téléphonique 3 et à terminal de traitement de données, ici un PC 4 et, de l'autre, à une ligne 5 reliée au réseau téléphonique commuté RTC/RNIS 7, comportant un central de rattachement 6 de la ligne 5. Celle-ci, à la norme RNIS accès de base S0 et/ou TO en ce qui concerne la bande passante, est prévue pour véhiculer un flux binaire bidirectionnel utile à 144 kb/s, correspondant à deux canaux B à 64 kb/s et un canal D de signalisation à 16 kb/s. Au réseau 7, et ici au central 6, est rattaché, par liaisons MIC à la norme RNIS accès primaire T2 ou S2 à 32 voies temporelles (8), un équipement 10 de fournisseur de services d'accès à l'INTERNET 20.
L'équipement 10 comporte des circuits 12 de raccordement entre les liaisons 8 et l'INTERNET 20 et comporte ici, entre le ou les MIC 8 et les circuits 12, des circuits 11 de gestion des canaux B ou voies temporelles de lignes S0 de divers abonnés, canaux empruntant le MIC 8.
La gestion des deux canaux B de la ligne 5, en ce qui concerne leur affectation au trafic, est la suivante :
on réserve les deux canaux B pour établir une liaison avec un correspondant, on scrute toute demande d'établissement d'une autre liaison et, en pareil cas, on libère l'un des canaux B pour l'affecter à l'autre liaison.
On notera que la liaison initiale peut être entrante ou sortante, et concerner l'INTERNET 20 ou un correspondant relié au réseau RTC/RNIS 7.
Si le PC 4 occupe ainsi les deux canaux B de la ligne 5, le poste 3 peut être décroché pour signaler à la régie 2 une demande pour l'établissement d'une seconde liaison, sortante. La régie 2 libère alors l'un des canaux B et l'affecte au poste 3.
S'il s'agit d'un appel entrant, signalé par le réseau 7 dans le canal D, la régie 2 libère de même l'un des canaux B et signale l'identité de celui-ci au central 6, pour lui permettre de l'affectuer à l'appel entrant. Le central 6 établit alors, de façon classique, une liaison sur ce canal B, en signalant le fait par le canal D.
Les circuits 11 visent à traiter le cas pour lequel le réseau 7 ne fournirait pas d'indication d'appel entrant à la régie 2 en cas d'occupation des deux canaux B. La régie 2 émet alors, lors de la réservation des deux canaux B à une même communication, une commande de renvoi des appels entrants vers un numéro qui lui est spécifique et qui est affecté au fournisseur d'accès 10, par les liaisons 8.
En variante, il peut être prévu que le réseau 7 effectue automatiquement un tel renvoi, préprogrammé, sur occupation totale de la ligne 5, ou que l'usager ait programmé a priori un tel renvoi.
Lorsqu'un appel ainsi renvoyé, provenant par exemple d'un poste téléphonique du réseau 7, parvient à l'équipement 10, ce dernier identifie la régie 2 d'après le numéro d'annuaire de destination. Comme les circuits 11 se trouvent interposés en coupure entre la ligne 5 (et 8) et les circuits 12 d'accès à l'INTERNET 20, l'appel renvoyé commande une commutation dans les circuits 11 (matrice temporelle). Cette communication libère l'un des deux canaux B de la ligne 5, qui se prolongent par le MIC 8. Cette libération est transmise à la régie 2, pour que la liaison initiale se replie sur le seul canal B conservé à cet effet, et est signalée à l'INTERNET 20 pour indiquer que le débit est réduit de moitié. Comme le réseau RTC/RNIS 7 n'est pas prévu pour interrompre autoritairement une communication établie, il est incapable de gérer l'affectation des canaux B, et c'est donc ici la régie 2 et les circuits 11 qui gèrent cette tâche.
Le canal B libéré sert alors à renvoyer, vers la régie 2, depuis l'équipement 10, l'appel entrant qui a été renvoyé à l'origine par le central 6 sur l'équipement 10. Cela revient donc à supprimer l'effet du renvoi par le réseau 7, une fois qu'a été exploitée l'information associée indiquant l'arrivée d'un appel entrant sur la ligne 5 occupée.
Il peut en particulier être prévu que l'équipement 10 commande directement, dans le central 6, l'annulation du renvoi de la ligne 5, afin d'éviter le maintien du détour ou boucle, par les liaisons MIC 8, du canal B qui a été réaffecté alors qu'il achemine maintenant une communication provenant du réseau 7, pour laquelle l'INTERNET 20 est étranger.
Il pourrait encore être prévu que le réseau 7 détecte lui-même les boucles parasites, comme l'aller et retour à l'équipement 10 depuis le central 6, et les court-circuite.
On remarquera que la présence d'un deuxième réseau, comme l'INTERNET 20, n'est pas nécessaire à la mise en oeuvre du procédé. En effet, les réseaux RTC/RNIS 7 et INTERNET 20 forment fonctionnellement un seul réseau au travers duquel des liaisons utilisant deux voies temporelles à 64 kb/s peuvent être établies.
La figure 2 illustre la structure fonctionnelle de la régie 2. Celle-ci comporte un UART 25 avec une paire de registres tampon d'interface ligne, assurant dans les deux sens les échanges de bits des canaux, 2B + D, soit un débit moyen de 144 kb/s dans chaque sens. Les registres 25 comportent donc trois zones chacun, 251, 252, 253 et 254, 255, 254 respectivement pour les canaux 2B+D, respectivement en émission et en réception.
Côté terminaux 3 et 4, la régie 2 comporte un circuit 23 d'interface analogique classique pour alimenter en continu le poste 3, le faire sonner et détecter son état raccroché/décroché.
Le poste 3 est aussi relié à un codeur/décodeur 22 pour numériser les signaux phoniques émis et restituer en analogique ceux reçus de la ligne 5.
Le PC 4 est relié à un UART 24, de la régie 2, gérant entre autres les échanges de signalisations pour la gestion des communications, telles qu'appel sortant et numérotation.
La matrice de connexion temporelle relative aux deux canaux B, reliant les terminaux 3 et 4 à l'UART 25, elle est représentée sous forme de contacts de relais, dans un but de clarté de l'exposé. Le côté du codeur 22 opposé au poste 3 est relié au pied d'une lame mobile 26 de relais repos/travail permettant une liaison bidirectionnelle avec l'un ou bien l'autre des deux canaux B, c'est-à-dire les zones 251 et 254 ou 252 et 255.
Le PC 4 est pour sa part relié, à travers l'UART 24, au pied de deux contacts indépendants, relais travail 27, 28, permettant respectivement de le relier au premier canal B (251, 254) et au second (252, 255).
Une base de temps 30 séquence le fonctionnment de l'ensemble, une unité centrale à microprocesseur 21 qu'elle synchronise étant reliée, par des liaisons non représentées, aux circuits ci-dessus, afin en particulier de commander la matrice 26, 27, 28.
Un circuit décodeur 29 reçoit les signalisations, ici numériques, provenant de la ligne 5, à travers la zone 256 de l'UART 25 et fournit en particulier, à l'unité centrale 21, les signalisations provenant du central 6 et indiquant qu'un appel entrant est en attente, faute de canaux B disponibles.
Le fonctionnement de la régie 2 va maintenant être expliqué plus en détails.
En cas d'appel sortant, et partant d'une situation d'inoccupation de la ligne 5, le circuit 23 ou 24 détecte une demande de liaison par le terminal 3 ou 4 correspondant et en informe l'unité centrale 21. Si cela concerne le poste 3, un seul canal B lui est affecté, par commande de la matrice (26), et l'unité centrale 21 transmet au central 6, par le canal émission de signalisation 253, l'identité du canal B affecté, en même temps qu'elle transmet une demande de canal B dans le réseau 7 et retransmet la numération du poste 3, saisie par le circuit 23.
Si c'est le PC 4 qui émet un appel, l'unité centrale 21 commande l'établissement des deux connexions 27 et 28, ce qui affecte donc les deux canaux B au PC 4.
Les processus sont globalement les mêmes pour des appels entrants.
Si, par contre, il s'agit d'une demande d'établissement d'une seconde liaison avec l'un des terminaux 3, 4 alors que l'autre 4, 3 est déjà en communication, l'unité centrale 21 libère un canal B si les deux étaient
utilisés pour la première liaison. Ce cas est donc ici celui pour lequel c'est le PC 4 qui a établi en premier une communication sur les deux canaux B. On notera cependant que le RNIS permet des transmissions sur plusieurs canaux B entre terminaux purement téléphoniques, tels que postes téléphoniques à son de haute qualité ou visiophones, et qu'il aurait donc pu être prévu d'affecter les deux canaux B au poste 3.
Revenant à l'exemple considéré, le poste 3, demandant à l'unité centrale 21 un canal B pour un appel sortant, celle-ci libère l'un des canaux B (ouverture de la connexion 27 ou 28) et l'affecte au poste 3, en commandant de façon appropriée l'inverseur 26.
Dans le cas d'un appel entrant, la signalisation d'indication d'appel est reconnue par le décodeur 29, qui signale celui-ci à l'unité centrale 21, et celle-ci libère l'un des canaux B et en informe le central 6, en spécifiant le canal B libéré. Le central 6 peut alors acheminer l'appel entrant vers le terminal appelé, ici le poste 3.
Dans tous les cas, d'établissement de communication, de commutation, ou substitution, dans l'affectation des canaux B, et de rupture de communication, l'unité centrale 21 le signale au central 6 par la zone 253 et en reçoit des signalisations par la zone 256. Le circuit 29 est donc fonctionnellement intégré à l'unité centrale 21.
Comme il s'agit de liaisons numériques temporelles bidirectionnelles dont les canaux aller et retour sont chacun gérés spécifiquement, on peut envisager de prendre initialement deux canaux B dans un sens et un seul dans l'autre sens, si le besoin en bande passante est dissymétrique. Par exemple, un seul canal B en émission peut suffire pour interroger un serveur de l'INTERNET 20, alors que deux canaux B sont utiles pour en recevoir de gros fichiers. En pareil cas, le poste 3 dispose d'un canal B en émission.
Symétriquement, si ce sont les deux canaux B d'émission qui sont occupés, le canal B de réception encore libre permet de recevoir un appel du réseau 7. Dans un cas comme dans l'autre, on peut alors libérer, de la
façon exposée plus haut, le canal B de sens opposé à celui resté libre après établissement de la première liaison, si la deuxième liaison doit être bidirectionnelle.