Système sécurisé de traitement de données pour l'exécution d'une transaction électronique
L'invention concerne les systèmes de traitement des données mettant en oeuvre un dispositif, notamment un objet portatif à microcircuit, pour l'exécution d'une transaction électronique.
Bien que dans la suite on utilisera pour l'objet portatif le terme de "carte" - car il s'agit là de la forme en pratique la plus répandue -, l'invention n'est nullement limitée au cas particulier d'une carte à microcircuit, et il est possible d'envisager aussi bien d'autres objets portatifs (par exemple une clef, un module enfichable, etc.) dès lors que cet objet portatif comporte un microcircuit opérant conformément aux enseignements de l'in- vention.
Les cartes à microcircuit comportent, classiquement, une mémoire de données, des moyens de communication avec l'extérieur et des moyens logiques de commande et de calcul coopérant avec la mémoire de données et les moyens de communication. La communication avec l'extérieur s'effectue avec un dispositif de transfert (que, par commodité, on appellera simplement "lecteur de carte" ou "lecteur"), qui peut être aussi bien un lecteur autonome qu'un terminal relié par exemple à un centre de télétraitement. Ce lecteur peut prendre diverses formes : lecteur portable de petite dimension, périphérique d'or- dinateur, machine autonome, ordinateur personnel programmé de manière appropriée, borne de lecture, guichet automatique, etc. La communication entre carte et lecteur peut être réalisée aussi bien par l'intermédiaire de contacts galvaniques (technologie dite "à contacts") que par télétransmission, par exemple par ondes magnétiques ou électroma- gnétiques (technologie dite "sans contact").
Toutefois, on verra que l'invention n'est pas limitée au cas d'un système comportant, d'une part, un objet portatif, d'autre part, un lecteur, mais s'applique également au cas où ces deux organes sont intégrés en un seul et même dispositif, c'est-à-dire où le dispositif à microcircuit inclut des moyens pour introduire des données (typiquement, un clavier) et un afficheur pour présenter des messages ou des résultats de calcul à l'utilisateur. Ainsi, chaque fois que l'on parlera de "carte" (ou d'"objet portatif) et de "lecteur", on comprendra le cas où il s'agit d'une carte insérable dans un lecteur, mais aussi le cas où carte et lecteur ne
constituent qu'un seul et même objet.
La logique de commande et de calcul de la carte peut être aussi bien une logique câblée qu'une logique microprogrammée. Cette dernière solution est souvent choisie pour ses divers avantages, tant en ce qui concerne les performances que la variété des configurations et les possibilités de modifier le logiciel du microprocesseur en fonction de la diversité des besoins et de l'évolution au cours du temps.
Les cartes à microcircuit font l'objet de nombreuses mesures de protection, tant logiques que physiques, qui leur procurent une très grande sécurité intrinsèque.
Ainsi, certaines zones de la mémoire peuvent être non modifiables une fois écrites, d'autres peuvent être impossibles à lire de l'extérieur, donc réservées exclusivement à l'usage interne de la logique de la carte, comme c'est par exemple le cas pour des mots de passe, des clefs de cryptage ou des résultats de calculs cryptographiques, etc.
Sur le plan physique, les cartes sont conçues pour rendre extrêmement difficiles la lecture ou la modification de la mémoire en dehors de l'accès par la voie de communication prévue (contacts galvaniques, bobines de couplage) et des règles fixées par la logique de contrôle : réa- lisation en une seule puce pour limiter la taille des interconnexions entre la logique et la mémoire, permutation selon un ordre secret de ces interconnexions, circuits de surveillance des conditions physiques (tension d'alimentation, fréquence d'horloge, température, éclairement, etc.), circuits pouvant interdire toute mise en oeuvre en dehors des con- ditions nominales de fonctionnement de la logique de commande et de calcul, etc.
En revanche, la sécurité intrinsèque des lecteurs est bien moindre. En effet, un lecteur n'est pas réalisé de façon monolithique en une seule puce mais comporte divers composants, interconnexions, liaisons, etc. qu'un fraudeur peut être tenté d'étudier pour en comprendre le fonctionnement. Certes, les lecteurs comprennent souvent, lorsque cela est nécessaire, un "module sécuritaire" qui est un module spécial protégé à la fois physiquement et électroniquement contre les tentatives d'intrusion de fraudeurs qui voudraient tenter de retrouver une clef se- crête ou un algorithme de chiffrement conservés dans ce module. Mais
cette précaution n'interdit pas à un fraudeur en possession d'un lecteur d'essayer de faire fonctionner celui-ci de manière illicite pour échanger de manière non autorisée (mais techniquement conforme) des informations avec la carte : rechargement d'une zone "porte-monnaie", efface- ment sélectif d'un historique des transactions, modifications des droits attachés à la carte, etc.
Le même problème se pose pour d'autres types de lecteurs, par exemple les machines de jeu ou les terminaux bancaires. Dans ce cas, les besoins sécuritaires sont généralement remplis par un coffrage ré- sistant, blindage ou autre protection mécanique coûteuse et peu pratique.
L'un des buts de l'invention est de proposer un nouveau concept de système de traitement de transactions monétaires, notamment par carte à microcircuit, qui permette, entre autres, de remédier aux inconvé- nients précités, en procurant en outre divers avantages additionnels que l'on exposera plus loin.
Essentiellement, le système de l'invention est un système comprenant, intégrés dans un même microcircuit, une mémoire de données, des moyens de communication avec l'extérieur du microcircuit, et des moyens logiques de commande et de calcul, coopérant avec la mémoire de données et les moyens de communication. De façon caractéristique de l'invention :
— la mémoire de données contient les règles de calcul et d'exécution de la transaction devant être exécutée ; - les moyens logiques opèrent ce calcul dans le microcircuit en fonction desdites règles contenues dans la mémoire de données ;
- les moyens logiques : calculent un montant de transaction et commandent l'exécution de la transaction sur la base du montant calculé dans le micro- circuit, et/ou
. calculent un aléa en fonction d'une probabilité prédéterminée et commandent ou non l'exécution de la transaction d'un montant prédéterminé sur la base de l'aléa calculé dans le microcircuit. L'invention part du constat que, dans tous les systèmes connus, la
décision d'exécution de la transaction est, totalement ou partiellement, prise par le lecteur.
En effet, la carte (plus précisément, son microcircuit) ne joue qu'un rôle subsidiaire (vérification d'un mot de passe, calcul d'un certificat cryptographique, limitation de la valeur d'un porte-monnaie électronique, etc.), la décision finale étant toujours prise par le lecteur, avec une relation maître → esclave qui est une relation lecteur → carte.
Ainsi, dans un exemple de système du type "porte-monnaie électronique" ou "porte-jeton", ou encore dans un système de paiement électro- nique, le montant du débit ou du crédit est communiqué au lecteur par un agent extérieur (par exemple par le commerçant) ou bien calculé par le lecteur (par exemple le calcul du montant d'un titre de transport), le montant ainsi déterminé étant ensuite appliqué à la carte pour l'exécution de l'opération de débit/crédit. Il est donc nécessaire de pren- dre des précautions contre l'altération de ce montant au niveau du lecteur, par exemple pour éviter des rechargements abusifs de la carte lorsque cette dernière peut être rechargée par le lecteur.
Un exemple comparable est celui des loteries électroniques, dans lequel le lecteur joue le rôle de la "machine à sous", le monnayeur étant remplacé par le porte-monnaie électronique de la carte : le joueur applique au lecteur ses enjeux éventuels et ordonne le lancement de la loterie. Le lecteur débite la carte d'un montant prédéterminé ou du montant de l'enjeu, effectue un tirage aléatoire ou pseudo-aléatoire et détermine le gain éventuel du joueur en fonction de ce tirage et éventuelle- ment d'autres éléments introduits dans le lecteur, tel qu'un pari ou une action du joueur. En cas de succès, le lecteur verse le gain au joueur sous forme d'une incrémentation du porte-monnaie électronique.
On comprend que ce lecteur contient les clefs cryptographiques permettant, en cas de gain du joueur, de recharger n'importe quelle carte susceptible d'être insérée dans le lecteur et que, pour éviter des fraudes, le lecteur doit être physiquement protégé contre des interventions visant à recharger abusivement la carte, par exemple en influençant les tirages.
Ces contraintes de sécurité sont un inconvénient majeur au déve- loppement des loteries électroniques, a fortiori des loteries électroni-
ques portatives (on donnera plus loin une analyse plus détaillée du risque inhérent à ce type d'application).
Le nouveau concept de l'invention, qui propose essentiellement d'inverser le rapport maître/esclave dans le système en rendant la carte (ou, plus précisément, le microcircuit) maîtresse du système, permet de s'affranchir de ces inconvénients.
En incorporant au microcircuit les règles de calcul et d'exécution de la transaction et en mettant en oeuvre dans ce microcircuit les étapes du processus décisionnel de la transaction (détermination du montant de la transaction et/ou décision d'effectuer ou non une action donnée), on bénéficie de la protection physique maximale procurée par le microcircuit.
En outre, à supposer même qu'un fraudeur arrive à contourner les sécurités du microcircuit de la carte et à en "casser" les éléments se- crets, cette intrusion sera limitée à la seule carte et ne permettra pas de frauder les autres cartes - à la différence des systèmes classiques où le fait de "casser" un lecteur permet d'accéder, par exemple, à la clef- maîtresse de rechargement qui s'y trouve et ainsi de recharger n'importe quelle carte (les loteries électroniques constituent une illustration typique de cette problématique).
Parmi les autres avantages de l'invention, on peut citer :
- la moindre nécessité pour le lecteur de connaître et/ou de décider des données qui sont, fonctionnellement, liées à la carte,
- la réduction du volume de données échangées entre la carte et le lecteur, diminuant à la fois la durée de l'opération et les risques de fraude par altération de ces données échangées,
- la possibilité d'évolution des règles opératoires de la transaction (par exemple la modification de règles tarifaires) sans modification des lecteurs, - la réduction ou la suppression des clefs cryptographiques dans les lecteurs.
L'invention couvre d verses applications possibles de ce système, notamment le cas où la mémoire de données contient une valeur monétaire et les moyens logiques sont aptes à incrémenter ou décrémenter une valeur monétaire lors de l'exécution de la transaction.
Le système peut comprendre au moins un objet portatif incorporant ledit microcircuit, et au moins un dispositif de transfert pour échanger des données avec un objet portatif couplé de manière séparable à ce dispositif de transfert, via lesdits moyens de communication du microcir- cuit. Les moyens logiques peuvent en particulier opérer en fonction de données dont au moins certaines sont transmises au microcircuit depuis l'extérieur.
Mais les données servant à faire fonctionner les moyens logiques ne sont pas nécessairement communiquées par le lecteur, et dans certains cas la transaction peut même être réalisée sans mise en oeuvre d'un lecteur distinct. La carte peut notamment comporter un clavier permettant de la commander directement, par exemple pour déclencher un tirage de loterie, le lecteur extérieur ne servant alors qu'à faire valoir les gains éventuels, mais ne participant pas au tirage proprement dit. De plus, on peut s'affranchir d'un élément de contrepartie monétaire lors des tirages jusqu'au moment de faire valoir les gains : puisque la transaction de tirage est purement interne au microcircuit, il n'y a plus de transfert d'argent vers un autre dispositif lors du tirage, éliminant ainsi tous les inconvénients et risques liés à un tel transfert. Dans une première application envisageable, la transaction est une transaction de jeu électronique, dont le résultat n'est pas prévisible par le joueur ; les règles contenues dans la mémoire du microcircuit comprennent alors les règles du jeu, et le calcul opéré dans le microcircuit par les moyens logiques résulte en l'attribution d'un gain ou d'une perte à l'utilisateur du système.
Le jeu en question peut être un jeu déterministe ou bien un jeu de hasard ; dans ce dernier cas, les moyens logiques du microcircuit incluent des moyens générateurs de nombres aléatoires ou pseudo-aléatoires dont est fonction ladite attribution du gain ou de la perte. Outre les jeux, l'invention connaît d'autres applications dans lesquelles le montant de la transaction peut être déterminé selon des règles stockées dans la carte. Ainsi, les données conservées dans la mémoire de la carte peuvent être de natures très variées, telles que taux de réduction, historique des transactions précédentes, montant cumulé d'achats, etc. Quant aux données transférées à la carte depuis un lec-
teur, il peut s'agir d'un pari, d'une indication du service à régler (par exemple l'indication de la gare où s'effectue le paiement), de la nature du bien à payer, etc., la détermination du montant étant, dans tous les cas, effectuée en interne dans le microcircuit sécurisé, et non plus dans le lecteur.
Dans une telle autre application, la transaction est une transaction de paiement d'un bien ou d'un service ; les règles contenues dans la mémoire du microcircuit comprennent alors des règles tarifaires applicables à l'utilisateur du système, et le calcul opéré dans le microcircuit par les moyens logiques est un calcul d'un montant à débiter à l'utilisateur du système.
Dans une autre application encore, la transaction est une transaction de paiement sécurisé ; les règles contenues dans la mémoire du microcircuit comprennent alors des critères de demande d'autorisation, et le calcul opéré dans le microcircuit par les moyens logiques est une prise de décision d'appel ou non d'un centre d'autorisation dont le résultat conditionne la réalisation de la transaction. On peut même prévoir un appel électronique avec une probabilité d'appel croissant avec le montant de la transaction. 0
D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de la description détaillée ci-dessous d'un exemple de mise en oeuvre de l'invention, en référence aux dessins annexés. La figure 1 montre schématiquement les différents organes constituant le système de l'invention.
La figure 2 est un schéma par blocs montrant les différents éléments de la carte mise en oeuvre dans le système de la figure 1.
La figure 3 est un schéma par blocs montrant les différents éléments du lecteur mis en oeuvre dans le système de la figure 1.
On va décrire une mise en oeuvre particulière de l'invention, dans une application à un jeu électronique de hasard, cette application n'é-
tant bien entendu aucunement limitative.
Essentiellement (figure 1), le système comporte, de manière en elle-même connue, une machine de jeu 100 mise en oeuvre par un joueur au moyen d'une carte à microcircuit 200. La carte sert de support des avoirs du joueur, qu'il utilise de manière comparable à un godet de jetons de casino, la carte contenant l'argent du joueur ou un équivalent. La machine de jeu 100 peut être une machine de jeu de hasard telle que "machine à sous", roulette, black jack, etc. comportant un afficheur tel qu'un écran figurant le fonctionnement de la roulette, ou montrant des cylindres rotatifs marqués de figures alignées, des séries de cartes, etc. de la même manière que dans un jeu de casino.
Pour jouer, le joueur insère sa carte 200 dans la machine 100, qu'il met en route au moyen d'une commande appropriée, les mises du joueur étant débitées de la carte et ses gains éventuels y étant enregistrés. Pour recharger la carte e ou pour convertir en numéraire ses gains et/ou ses avoirs, le joueur (ou un caissier) couple la carte à une machine appropriée 300.
L'invention vise la manière dont coopèrent la machine de jeu 100 et la carte 200, étant entendu que ces deux éléments peuvent être éven- tuellement réunis en un seul et même ensemble 400, par exemple sous forme d'un appareil de jeu électronique autonome comportant son propre afficheur et les touches de commandes appropriées.
En revanche, la manière dont la carte 200 coopère avec la machine 300 de rechargement et conversion des avoirs reste en elle-même clas- sique, et est celle d'une carte de type "porte-monnaie électronique" avec une machine de débit et de rechargement (on pourra se référer au projet de norme EN 1546 "Identification card Systems - Intersector Electronic Purse" élaborée par le groupe de travail TC 224 au sein du Comité européen de normalisation, qui représente l'état de l'art sur le concept du porte-monnaie électronique et de ses dispositifs annexes de débit et de rechargement).
L'idée-mère de l'invention, comme on l'a expliqué plus haut, consiste à faire en sorte que ce soit la carte 200, et non plus la machine 100, qui détermine le résultat du jeu, calcule et comptabilise le gain du jou- eur. De cette manière, il ne sera plus nécessaire d'avoir dans la machi-
ne 100 des éléments secrets et ou insusceptibles d'être altérés par le joueur, ce qui, par rapport aux systèmes existants, permet la construction de machines à jouer intrinsèquement résistantes aux tentatives de fraude du joueur, plus petites, de moindre coût, y compris des machines portables et ou individuelles et ou sous forme de programmes pour ordinateurs individuels.
On va maintenant décrire plus en détails la structure et le fonctionnement de la machine 100 et de la carte 200.
On prendra l'exemple d'un jeu de roulette dont les règles (simpli- fiées) sont les suivantes :
- à chaque partie le joueur effectue une mise sur une case "pair" ou "impair" ou numérotée de 0 à 36, et la valeur misée est retranchée de son avoir ;
- un tirage équiprobable est effectué, dont le résultat est un numéro compris entre 0 et 36 ;
- si le joueur a joué "pair" (respectivement "impair") et que le résultat du tirage est pair (respectivement impair) et non nul, le joueur gagne deux fois sa mise ;
- si le joueur a misé un numéro de case correspondant au tirage, il gagne 36 fois sa mise ;
- en cas de gain, la valeur gagnée s'ajoute à l'avoir du joueur.
La carte 200 contient les moyens 201 à 252 illustrés schématique- ment figure 2, étant entendu que ces moyens peuvent être mis en oeuvre de toute manière appropriée, notamment en tout ou partie sous forme d'un logiciel de commande d'un processeur incorporé au microcircuit de la carte. L'invention porte essentiellement sur la combinaison dans le microcircuit de la carte des éléments 201 à 207 décrits ci-après, en particulier la présence dans la carte des éléments 205 et 206. Les autres moyens, qui sont empruntés à l'art antérieur ou s'en déduisent de manière évidente pour l'homme du métier, ne seront pas décrits en détail.
Tout d'abord, la carte comporte une mémoire 201 contenant l'avoir du joueur. La technologie de cette mémoire, par exemple EEPROM, est choisie de manière à la rendre à la fois modifiable (lors de l'utilisation de la carte) et rémanente (pour maintenir la valeur lorsque la carte
n'est pas utilisée). La carte comporte également un registre des enjeux
202 recevant le montant misé par le joueur, ainsi qu'un registre de pari
203 contenant la nature du pari effectué, c'est-à-dire, dans l'exemple ci- dessus, l'une des trente-neuf possibilités (nombre de 0 à 36, "pair" ou "impair").
Un dispositif 204 vérifie que l'enjeu du registre 202 est au moins égal à l'avoir de la mémoire 201, et soustrait l'enjeu de l'avoir pour donner un nouvel avoir, qui est stocké dans la mémoire 201 (ici et dans la suite, le terme de "dispositif' ne préjuge en aucune manière la struc- ture, logicielle et/ou matérielle permettant d'exécuter la fonction considérée).
Un générateur aléatoire ou pseudo-aléatoire 205 réalise le tirage, c'est-à-dire, dans le jeu considéré, produit un nombre entier compris entre 0 et 36, de manière essentiellement imprévisible par le joueur. On connaît divers moyens de réaliser un tel générateur, y compris dans une carte à microcircuit, basés sur des principes physiques (R.C. Fair- field, R.L. Mortenson, and K.B. Koulthart, "An LSI Random Number Generator", Advances in Cryptology : CRYPTO '84 Proceedings, Sprin- ger Verlag) et/ou cryptographiques (L. Blum, M. Blum, and M. Shub, "A Simple Unpredictable Pseudo-Random Number Generator", SIAM Journal on Computing, vol. 15, n° 2, 1986).
Après débit du pari (dispositif 204) et tirage (dispositif 205), un dispositif 206 calcule le gain en fonction de l'enjeu (registre 202), du pari (registre 203) et du tirage (dispositif 205), selon les règles exposées plus haut. Le gain éventuel est ajouté à l'avoir dans la mémoire 201 par un dispositif de crédit des gains et la nouvelle valeur est enregistrée dans la mémoire 201.
Pour permettre sa coopération avec la machine de rechargement et de conversion des avoirs 300, la carte 200 comporte un certain nombre de moyens permettant de débiter et créditer la mémoire d'avoirs 201 dans de bonnes conditions de sécurité. Ces moyens, en eux-mêmes connus, peuvent notamment comporter :
- une mémoire 208 contenant des clefs, inscrites par exemple à la fabrication ; - des moyens de débit 209, pour diminuer l'avoir dans la mémoire
201 d'une valeur donnée, et produisant à l'issue de cette opération un certificat cryptographique approprié utilisant la clef 208, certificat destiné à prouver que la carte a bien opéré le débit, en empêchant toute fraude ou falsification ; - des moyens de crédit 210, pour augmenter l'avoir dans la mémoire 201 d'une valeur donnée, à la condition que la carte reçoive également de l'extérieur un certificat cryptographique approprié dont la cohérence par rapport à la clef 208 est vérifiée par un dispositif approprié, certificat destiné à prouver que la carte doit bien effectuer le crédit ;
- des moyens 211 d'enregistrement d'un historique et/ou de totalisation de certaines opérations affectant la carte telles que débit (fonctionnement de 209) et/ou crédit (fonctionnement de 210) et/ou gains (fonctionnement de 207, éventuellement seulement si 206 a produit un résultat supérieur à zéro ou à un autre seuil prédéterminé) et/ou mises (fonctionnement de 204) et/ou pari (contenu du registre 203) et/ou tirage (résultat fourni par le dispositif 205) et/ou date et/ou heure et/ou information arbitraire tel qu'un identifiant de la machine de jeu 100 utilisée. Ces moyens 211 permettent en particulier de traiter les litiges lors de parties interrompues par un dysfonctionnement de la machine de jeu ou la rupture du couplage entre machine de jeu et carte, et/ou de remplir des obligations comptables et/ou de déterminer des caractéristiques de la machine de jeu utilisée par le joueur, par exemple pour iden- tifier et rétribuer l'opérateur l'ayant mise à la disposition du joueur.
Les données enregistrées dans cet historique peuvent être affichées, collectées et/ou exploitées par des moyens appropriés de la machine de jeu 100, ou éventuellement d'un dispositif externe spécifique auquel pourra être couplée la carte. La carte 200 comporte également, de manière classique, des moyens 250 de couplage, temporaire ou permanent, à un dispositif externe tel que 100 ou 300, des moyens d'alimentation 250 des sous-ensembles de la carte (alimentation autonome ou délivrée par la machine 100), et des moyens de communication 252 aptes à transférer : - le montant de l'enjeu et la valeur du pari depuis un dispositif
externe vers les registres respectifs 202 et 203, - la valeur de l'avoir (mémoire 201), le résultat du tirage (dispositif 205) et le gain réalisé (dispositif 206) de la carte 200 vers un dispositif externe, - et, plus généralement, à transférer toutes les informations nécessaires au fonctionnement des différents sous-ensembles de la carte 200.
La réalisation préférentielle de la carte 200 est une carte à microcircuit d'un type connu, conforme à la norme ISO 7816, "Integrated Circuit Cards with Contacts", 1987-1997, dont l'élément actif est un microcircuit tel que le ST16SF42 de SGS-Thomson Semiconductors, comprenant sur une même puce monolithique microprocesseur, mémoires ROM, EEPROM et RAM, générateur pseudo-aléatoire, moyens d'alimentation et de communication. Dans ce cas, les fonctions de la carte 200 sont obtenus par programmation du microprocesseur, c'est-à-dire par adaptation du masque de métal définissant le contenu de la mémoire ROM et/ou établissement des charges électriques définissant le contenu de la mémoire EEPROM.
Comme indiqué au début de la présente description, la réalisation sous forme d'un unique microcircuit offre une protection contre l'examen par le joueur de valeurs qui doivent rester secrètes et/ou l'altération de valeurs qui doivent évoluer selon des règles précises. Cette protection, intrinsèque au microcircuit du fait de son caractère monolithique, se substitue au boîtier mécaniquement résistant qui entoure habi- tuellement les éléments sensibles d'une machines de jeu traditionnelle (dispositif d'encaissement/décaissement, générateur aléatoire et dispositif de calcul du gain).
La machine de jeu 100 est illustrée sous forme de schéma par blocs sur la figure 3. Par convention, pour les références numériques relatives à cette machine 100, on a donné les mêmes valeurs de chiffres des dizaines et des unités aux éléments qui ont un élément homologue dans la carte 200 : par exemple le dispositif 101 de la machine sert à afficher l'avoir contenu dans la mémoire 201 de la carte, le montant de l'enjeu saisi en 201 sera transféré dans le registre 202, etc.
La machine de jeu 100 comporte les éléments principaux suivants :
- un dispositif 101 pour afficher au joueur le montant de l'avoir contenu dans la mémoire 201.
- des moyens 102 de saisie par le joueur du montant de l'enjeu (sauf si celui-ci est fixé par la règle du jeu).
- des moyens 103 de saisie par le joueur de la nature de son pari (sauf si celui-ci est fixé par la règle du jeu).
- des moyens 104 de validation du pari, pour déclencher le débit du pari par le dispositif 204 et ainsi engager l'enjeu. - des moyens 105 d'affichage du résultat produit par le générateur aléatoire 205. Pour l'intérêt du jeu, il est avantageux de réaliser une animation graphique.reproduisant par exemple sur un écran les hésitations d'une boule de roulette (les moyens de calcul des positions intermédiaires de la boule peuvent être incorporés à la ma- chine 100 et/ou à la carte 200).
- des moyens 106 pour afficher le gain du joueur calculé par le dispositif 206, par exemple en lisant la valeur dans ce dispositif et/ou en la calculant dans la machine 100 par un dispositif analogue au dispositif 206. - des moyens 140 pour enregistrer un historique des opérations, de même nature que le dispositif 211 décrit plus haut à propos de la carte. Cet historique peut notamment enregistrer dans la machine des informations identifiant la carte 200 ; bien entendu, il sera prévu des moyens appropriés d'affichage, de collecte et ou d'exploi- tation de tout ou partie de l'historique enregistré dans 140.
La machine de jeu 100 comprend également, classiquement, des moyens 150 de couplage, temporaires ou permanents, aux moyens de couplage 250 de la carte 200, des moyens 151 d'alimentation des sous- ensembles de la machine 100 et éventuellement de la carte 200 (se substituant éventuellement aux moyens d'alimentation 251 de la carte) et des moyens de communication 152 aptes à :
- transférer depuis le lecteur l'enjeu saisi en 102 et le pari saisi en 103 vers les registres 202 et 203, respectivement,
- transférer depuis la carte les valeurs contenues ou déterminées par les éléments 201 , 205 et éventuellement 206, vers les éléments 101 ,
105 et 106, respectivement, - et, plus généralement, transférer toutes les informations nécessaires au fonctionnement des différents sous-ensembles de la machine de jeu 100 et de la carte 200. L'invention permet, de manière caractéristique, de se passer dans la machine de jeu d'éléments sécurisés ou secrets dont l'altération ou la connaissance permettrait au joueur de tricher au détriment du gestionnaire du système. La machine de jeu 100 peut ainsi être réalisée sous forme d'une machine portable de faible coût, du même type que les con- soles ou appareils de jeux vidéo grand public, ou encore d'un programme pour ordinateur individuel équipé d'un lecteur de carte à microcircuit.
De plus, le système de l'invention présente l'avantage que le solde, l'exécution des débits et des crédits et le calcul du montant (ou la déci- sion d'exécuter ou non la transaction) sont situés ensemble dans la carte, et que l'on s'affranchit donc que de la nécessité de collecter de l'argent (liquide ou électronique) dans les machines de jeu.
Par ailleurs, il est possible pour le casino de garder confidentielles des informations sensibles concernant le fonctionnement des logiciels des cartes, et ceci même vis-à-vis des constructeurs des machines ou d'autres exploitants, comme dans le cas des machines de jeu individuelles ou installées dans d'autres lieux.
Quant à la machine de rechargement et de conversion des avoirs
300, elle est d'un type en elle-même connu, y compris dans la manière dont elle coopère avec la carte, plus précisément avec les éléments 208,
209, 210 et 211 de celle-ci ; elle ne sera pas décrite plus en détail et l'on pourra ici encore se référer au projet de norme EN 1546 cité plus haut.
Divers perfectionnements ou variantes peuvent être apportés au système de jeu électronique que l'on vient de décrire. Un premier perfectionnement consiste à prévoir des contrôles appropriés, spécifiques au domaine des jeux. En particulier, avant de débiter le pari (en 204) on insère, de préférence dans la carte 200, un contrôle de conformité de la combinaison avoir/enjeu/pari (éléments 201, 202, 203) avec des règles qui peuvent par exemple inclure un plafond d'enjeu, ou limiter les combinaisons enjeu/pari pour que le gain maxi-
mal calculé en 206 ne dépasse pas un plafond prédéterminé.
Une autre fonction qu'il est possible de mettre en oeuvre est une vérification par la machine 100 et ou 300 de l'authenticité de la carte 200. Des méthodes de cryptographie connues permettent de réaliser cette opération, y compris sans nécessiter de valeur secrète dans 100 et/ou 300 (L.C. Guillou, and J-J. Quisquater, "A Practical Zero- Knowledge Protocol Fitted to Security Microprocessor Minimizing Both Transmission and Memory", Advances in Cryptology : EUROCRYPT '88 Proceedings, Springer Verlag). Un autre perfectionnement consiste à rendre dynamiquement variable la règle du jeu suivie par le dispositif 206 et les différents dispositifs de la carte 200, en particulier avec une règle fournie à la carte 200 avant le commencement de la partie par la machine de jeu 100 ou autre machine appropriée. L'avantage d'une telle règle variable est de facili- ter la multiplication de machines de jeu 100 nouvelles sans nécessité le changement des cartes 200.
Mais, pour protéger les intérêts du gestionnaire du système, la règle doit être vérifiée par un dispositif approprié incorporé à la carte 200. Un premier moyen peut être le contrôle du certificat cryptographi- que de la règle, qui peut s'opérer sans présence d'élément secret dans la carte 200 en utilisant un certificat à clef publique, par exemple un algorithme DSS (voir notamment National Institute of Standards and Technology, NIST FIPS PUB 186, "Digital Signature Standard", U.S. Department of Commerce, 1984). Un autre moyen consiste à faire cal- culer par la carte des valeurs, en particulier l'espérance de gain du joueur, déduite des règles par application d'une procédure systématique appropriée et prédéterminée à la fabrication de la carte, et contrôler que ces valeurs se trouvent dans des limites prédéterminées limitant le risque pris par le gestionnaire du système. Un autre perfectionnement consiste à prévoir une vérification de ce que la carte joue bien un "jeu équitable" : le joueur peut en effet craindre que la carte ne "triche", et en particulier que le tirage par le générateur aléatoire ne soit biaisé par le pari mémorisé dans le registre 203. À cet effet, le joueur peut déléguer à une machine de jeu 100 le soin de faire des opérations de vérification rendant détectable une tricherie de
la carte. Des protocoles cryptographiques connus peuvent être adaptés à cette fin (voir notamment Bruce Schneider, "Applied Cryptology", 2e édition, Wiley éd., 4.9 à 4.11), la machine de jeu pouvant alors activer un moyen propre à alerter le joueur de ce que la carte 200 n'effectue pas de façon équitable les opérations convenues.
Un autre perfectionnement peut consister à prévoir dans la carte un dispositif qui attribue au joueur des primes selon certains critères, par exemple à titre de compensation après une série de parties particulièrement malchanceuses (une carte donnée étant supposée être utilisée toujours par le même joueur). En d'autres termes, on peut prévoir que les règles de calcul des gains tiennent compte des données enregistrées en 211 dans l'historique.
Une variante possible du système de l'invention consiste à associer à la mémoire 201 recevant l'avoir initial du joueur une mémoire 201', le crédit des gains opéré par 207 se faisant dans 201' et le débit des paris opéré par 204 s'effectuant également dans 201' dans la limite du solde disponible dans 201', et ensuite dans 201. On réalise ainsi l'équivalent d'une machine à jouer ne permettant pas de gains en numéraire, ce que peuvent exiger certaines législations. Diverses variantes simplifiées peuvent être envisagées, notamment, comme indiqué, en couplant de façon permanente 100 et 200 : l'objet résultant 400 est une machine de jeu personnelle autonome susceptible d'être couplée à un terminal 300 pour rechargement et encaissement des gains. L'intérêt de l'invention est alors de pouvoir dis- poser d'une machine de jeu légère, bon marché et sûre, éventuellement individuelle et portable, en concentrant tous les éléments de sécurité dans un unique microcircuit infraudable.
On peut également se passer de la machine 300 ; la carte est alors fournie préchargée, et au cas où le joueur souhaite convertir ses gains il le fait sur présentation de la carte, les moyens de preuve de la valeur associée à la carte et ses moyens de crédit étant intégrés à la carte et/ou à la machine de jeu 100.
Dans d'autres variantes, la comptabilité de l'avoir dans la mémoire
201 peut être effectuée d'autres manières. Par exemple, le dispositif de débit 204 est réduit à son rôle de contrôle, et le dispositif de calcul des
gains 206 est modifié pour produire un résultat diminué de l'enjeu mémorisé en 202, donc négatif quand le joueur perd.
La comptabilité de l'avoir dans 201 peut être également effectuée hors de la carte 200, par exemple par une machine 100 ou 300 à partir des résultats de l'historique enregistrés en 211. Dans ce cas, les éléments 201, 204 et 207 sont absents et remplacés par des moyens équivalents dans les machines 100 et 300.
L'invention, que l'on vient de décrire dans le cadre d'un jeu de pur hasard, peut être adaptée à des jeux comportant des aspects stratégi- ques et/ou des mises progressives, comme le backgammon, le black jack ou le poker. L'invention peut même être appliquée à des jeux qui ne soient pas des jeux de hasard, la carte 200 contenant par exemple un programme de jeu de morpion, de dames, d'échecs, de go, etc. les mises sur le résultat du jeu étant emportées par le gagnant.